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Nos anèm bian galar
Chaque dimanche à 9 H 00 • JEAN-FRANCOIS CONVERS
Mon émission est d'abord ludique : elle vise à délasser les auditeurs/amateurs d'histoires populaires et de chansons traditionnelles. A les faire "se galar", s'amuser, "s'èijaucir", se réjouir. Parfois avec des blagues, des fariboles que certains jugent peut-être "salées" mais qui appartiennent à la "littérature populaire" dont mon émission fait la promotion. Elle est ensuite culturelle : elle cherche, à travers les récits et textes des chansons diffusés, à rappeler à ceux qui l'ont connue et à présenter à ceux qui veulent la découvrir ce qu'était la civilisation patriarcale et rurale de nos grands-parents. Une civilisation avec ses excès mais non dénuée de valeurs sociales et morales ( l'esprit de solidarité, la vertu du travail...) dont beaucoup ont la nostalgie. Elle est enfin pédagogique : elle voudrait contribuer à permettre à la langue qui portait cette culture, la langue occitane, de continuer à vivre, voire même d'augmenter sa pratique. Comment ? En la faisant écouter bien sûr, lui trouver certains charmes (une musique, des expressions très imagées...), en la faisant réémerger des mémoires de ceux qui la pratiquaient, en la faisant apprendre par le biais de la traduction, de la répétition, même de la chanson, en en montrant les variantes (les patois parlés diffèrent quelque peu d'une zone à l'autre) et en démontrant que ces différences légères ne sont pas des obstacles à la compréhension. C'est donc pour cela que je dis les textes avec l'occitan dans lequel ils ont été écrits ; que je les traduis ensuite dans l'occitan de "chez nous" ; que je donne enfin la traduction en français standard ou local. Mais j'inverse parfois ces étapes : pour les fables bien connues de La Fontaine, par exemple, je donne le texte français, puis je demande aux auditeurs de traduire dans leur "patois", et enfin je propose la traduction d'un écrivain qui les "revirées" (traduites) dans son patois. Autre technique, je fais chanter avec moi, en occitan, des chansons connues. Techniques scolaires certes, mais actives, participatives, non ? ! Mon souci (et la grande difficulté) est d'impliquer l'auditeur, quelle que soit la variante d'occitan qu'il connaisse. Peut-être, cela crée-t-il des "embrouillages" chez certains auditeurs ? Mais les auditeurs de la région Chambon sur Lignon ou d'Yssingeaux ne seraient-ils pas déçus si je privilégiais dans mon émission l'occitan de Monistrol sur Loire et inversement ? ! Peut-être est-ce une erreur de faire ce choix ? ! Mais je ne vois pas, confronté à l'hétérogénéité (superficielle! ) des "patois" de l'est du Velay, d'autre solution. Certains me diraient, volontiers, parle l'occitan languedocien qu'on apprend à la calandrèta. Mais, je vois déjà tous les auditeurs fidèles fermer leur poste en entendant cette langue si éloignée de la leur, à laquelle ils sont si culturellement attachés : le "patois" de leur enfance. Mon émission n'est pas conçue pour "enseigner" de façon universitaire, savante, l'occitan normé, universel. Combien d'auditeurs voudraient-ils , d'ailleurs, qu'elle devienne un cours d'occitan ? ! Ne leur a-t-on pas déjà imposé de cette façon le français ?!
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